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[Les Echos] Le pire qui puisse arriver, c’est que les patrons partent en silence investir ailleurs

Dans son interview du 26 mai dans Les Échos, le journaliste Matthieu Quiret interroge Alexandre Saubot sur l’état d’esprit des patrons et les défis industriels de l’Europe. Voici les grandes lignes de ses réponses :

  • Dans quel état d’esprit se trouvent les patrons aujourd’hui ?
    Ils sont désabusés. Les dirigeants d’entreprises ont longtemps été patients, mais « l’absence d’écoute » et « l’effet cumulatif des mesures » ont entamé leur confiance. Les espoirs placés dans certains dispositifs européens, comme la révision de la CSRD, ont été « une vraie déception ».
  • Pourquoi leur opinion se radicalise-t-elle ?
    L’agressivité économique de la Chine et les mesures protectionnistes des États-Unis renforcent les craintes. L’Europe, qui voyait la Chine à la fois comme un concurrent et une opportunité, doit désormais faire face à une offensive industrielle renforcée, notamment dans « les panneaux solaires, la chimie, la mécanique, l’acier ».
  • Les patrons insistent sur la nécessité de constituer de gros champions européens. Pourquoi ?
    Les règles actuelles sont obsolètes. Les entreprises réclament une évolution de la politique anti-concentration européenne, datant des années 1960. Les entreprises ne cherchent pas à réduire la protection du consommateur européen ou à constituer des monopoles, mais les règles dans ce domaine doivent évoluer rapidement car « il nous est plus difficile de peser face aux Gafam ». Le projet de rapprochement Airbus-Thales-Leonardo dans les satellites sera un test décisif.
  • L’Europe est-elle condamnée au déclin ?
    Pas forcément, mais elle doit agir vite. Bien que des progrès aient été faits dans la lutte contre la concurrence déloyale, les procédures restent trop lentes et inefficaces. Le scepticisme des industriels grandit, notamment face à des accords comme le Mercosur.

    En conclusion, le président de France Industrie, Alexandre Saubot, prévient : « Le pire qui puisse arriver, c’est que les patrons partent en silence investir ailleurs ».